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DE HENRI III. [i583] 2OI
Au commencement de juin, le duc de Joyeuse (O, par commandement et aux dépens du Roy, partit pour aller à Rome y faire quatre demandes au Pape. On tenoit que ce voyage du duc de Joyeuse, qui alloit à trente chevaux de poste, reviendroit à plus de cent mil écus.
Au commencement d'août, un bernardin nommé de La Barre (a), abbé d'une abbaye de bernardins à cinq ou six lieuës de Thoulouse, appellée Feuillant, vint à Paris, où il prêcha devant le Roy, et en quelques autres eglises. Il fut admiré de tous pour ses prédications et l'austérité de sa vie : car il ne mangeoit que du pain et des herbes, alloit par les champs pieds et tête nuds, ne buvoit que de l'eau, et couchoit.ordinairement sur la dure. Il avoit en son abbaye soixante-dix ou quatre-vingts religieux qui vivoient de la même façon, et trai-toit bien ceux qui l'alloient voir. Après le service fait, travailloit et faisoit travailler ses religieux, envoyoit à Thoulouse pour vendre ce qui restoit de leurs ouvrages; ct après en avoir retenu ce qu'il leur falloit pour leurs vivres et accoutremens nécessaires, employoit les deniers et le surplus du revenu de l'abbaye en bienfaits et aumones. On dit que son pere, riche marchand, avoit acheté cette abbaye pour lui, étant encor jeune écolier; et que, parvenu en âge de maturité, après Ie decès de son pere, de lay qu'il étoit auparavant, s'étoit fait religieux, et alla à pied à Rome, ou s'étant prosterné aux pieds du Pape, après lui avoir fait entendre
(-) Le duc de Joyeuse : On rendit à Rome beaucoup d'honneurs au duc de Joyeuse , qui étoit beau-frère du Roi ; mais on ne lui accorda pas ce qu'il demandoit au nom de son maltre. — (-) De ta Barre : Jean de La Barrière, et non de La Barre.
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